Au seuil de la mort
Douce et calme nuit qu'un croissant de lune éclairait tendrement.
Elle semblait refléter la quiétude qui habitait sans cesse la demeure.
Admirant le crépuscule par l'immense fenêtre, la jeune femme songeait aux mystères de l'obscurité. Au-dehors, la nature paraissait se mouvoir en un horrible paysage. Les sapins auparavant si beaux devenaient des ombres terrifiantes ; les roses, fermées par la nuit, semblaient meurtrières ; leurs épines étaient effrayantes. Elles qui restaient si jolies et merveilleuses. La petite mare était hostile et les canards paraissaient comme morts. L'eau qui d'ordinaire, était si claire semblait trouble ; car les feuilles du saule pleureur obscurcissaient toute lumière.
Au loin, on pouvait apercevoir une once de lumière. Dans ce jardin si froid et admirable, toute vie avait disparue.
A la vue de ce paysage désolé, la jeune femme soupira, désespérée. S'asseyant sur une chaise près du miroir, elle coiffa délicatement ses longs cheveux mordorés. Cela l'apaisait et la rendait plus gaie. Le sommeil alourdissait peu à peu son corps frêle, elle s'endormit alors épuisée.
L'aube se levant baigna son visage d'une douce lumière, ce qui la fit s'éveiller. Mais en s'approchant de la fenêtre, elle se sentit très faible. Appelant sa servante, elle lui expliqua que, voulant se lever, elle eut un malaise.
Cela, eut-elle dit, l'effrayait plus que de coutume. En effet, son visage était extrêmement livide, comme si plus aucune goutte de sang ne coulait dans ses veines. La bonne crut à quelque maladie insidieuse, qu'on ne saurait expliquer. Les jours suivants, la noble femme restait longuement à se reposer, étant chaque jour de plus en plus blême et instable. Elle n'avait que peu de force ; si peu que son corps ne pouvait la faire tenir debout.
La nuit seule lui laissait un semblant de répit ; obstruant toutes ses sombres pensées, et lui faisant oublier l'immense fatigue qui l'accablait tant.
Le soleil était couché, et la brume dissimulait chaque chose. Elle était tellement opaque que l'on pouvait s'y perdre.
Les yeux clos, la poitrine saccadée par de douces respirations ; la jeune femme errait joyeusement dans le pays des songes. Âme si innocente qui s'émerveillait de tant de beauté ; qui pourtant n'était qu'irréelle.
Le vent du dehors soufflait fort, les branches d'un arbre cognaient la fenêtre, provoquant un bruit très lugubre.
Subrepticement, un étrange personnage se faufila à travers l'interstice étroit de l'immense vitre. Celui-ci avait un corps longiligne, très fin. Vêtu d'une longue cape noire, il paraissait sortit tout droit d'une église. Son visage était extrêmement pâle, mais sa bouche seule dénotait. Ses lèvres étaient très rouges, presque écarlates. Son regard, dur et cruel, était perçant. Ses yeux étaient sombres, comme une nuit sans lune. Mais dans ses étranges iris se reflétaient tour à tour une infinie douceur et une grande cruauté. Son entière physionomie était admirable et dégageait une immense beauté. Une magnificence venue d'outre tombe.
L'homme souriait pernicieusement, dévoilant des dents aiguisées et très blanches. Il s'approcha lentement de la jeune femme endormie, le pas nonchalant mais incroyablement gracieux. De sa main si froide il effleura la joue féminine du bout des doigts. Celle-ci avait à présent un merveilleux teint rose. Tendrement, il parcourait les courbes de ce corps qu'il tenait en son pouvoir. Subjugué par tant de beauté pieuse et chaste, il tremblait d'émotion. La respiration régulière, elle avait la bouche légèrement entrouverte.
L'étranger se pencha sur le doux visage de la jolie femme, puis il déposa un pauvre baiser sur les lèvres vermeilles. Qui devinrent ainsi beaucoup plus livides, presque bleues. La demoiselle haletait silencieusement, ce qui soulevait magnifiquement sa poitrine. Elle semblait dans l'attente d'un nouvel élan tendre et fougueux du bel inconnu.
L'homme caressa longuement le cou blême et immaculé de la pauvre innocente. Lentement, il se baissa et l'embrassa langoureusement de sa bouche avide.
A ce soudain contact, elle semblait renaître, rayonnante. Son visage se colora d'une belle teinte pourpre, elle était heureuse. Elle montrait une expression de plaisir intense, au comble de la jouissance amoureuse. Son coeur battait à tout rompre. D'un mouvement vif, les dents meurtrières de l'homme pénétrèrent profondément dans la chair délicieuse de la jeune jouvencelle.... Quelques gouttes de sang coulèrent sur les draps du lit, la tête tombant sur le côté, inerte, elle avait cessé de vivre...
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